vendredi 5 février 2016

"Accords parfaits" de Natsuki Takaya


Pour la première fois depuis longtemps, et pour la première fois sur ce blog, je vais vous parler d'un manga que j'ai lu.

Présentation de l'éditeur
Atsushi, ténébreux chanteur d'un groupe pop, est peu porté à la sociabilité... Ce qui n'a jamais empêché la charmante Anzu de lui adresser spontanément la parole. Mais depuis qu'elle a été victime de brimades, la jeune fille a perdu sa joie de vivre. Atsushi décide de lui redonner confiance grâce à la musique. Parviendra-t-il à lui rendre son si précieux sourire ?
Accord parfait est la première histoire de ce recueil signé Natsuki Takaya, complété par quatre autre courts récits : Ding Dong, La Voix de mon cœur, Double Jeu et La Princesse des Ténèbres, parodie déjantée de Blanche Neige revisité par les personnages de Ceux qui ont des ailes.

Mon avis
Voilà un manga que je voulais lire depuis bien longtemps. Cela remonte à la venue de Natsuki Takaya en France, pour la Japan Expo : preuve que ça ne date pas d'hier. Il faut dire que je suis fan de sa série Fruits Basket, qui reste dans mon cœur ce qui peut se faire de mieux en matière de shôjo.
Ici, point de série. Accords parfaits est en fait un recueil constitué de cinq nouvelles. Je ne suis pas particulièrement branchée "recueil de nouvelles", en particulier dans un manga. J'aime quand les récits sont étoffés, qu'ils prennent le temps d'être mis en place ; j'aime quand la psychologie des personnages est bien travaillée, ce qui prend du temps ; j'aime m'attacher à des personnages, et pouvoir passer beaucoup de temps en leur compagnie. Bref, rien ne me disposait particulièrement à aimer Accords parfaits, ce qui ne m'empêchait pas d'avoir envie de le lire pour retrouver le style incomparable de Natsuki Takaya.
En vérité, en dépit de mon goût assez peu prononcé pour les recueils de nouvelles, j'avoue avoir bien adhéré à celui-ci. Le thème principal, qui fédère tout le recueil, est la communication, ce thème étant décliné sous différentes formes. L'une de ces formes est la musique, qui apparaît à la fois comme un moyen de communication et comme un moyen de panser les plaies d'une âme, dans un monde plein de dureté. Évidemment, ça ne pouvait que me parler et me toucher. La musique, c'est une chose dont je ne saurais me passer ; je pense qu'à ce titre, mon blog parle pour moi. Je partage le point de vue d'un homme qui était venu voir ma classe quand j'étais en prépa et qui disait : "Une journée sans musique est une journée de perdue."
Une autre forme de déclinaison du thème principal est : les problèmes de communication au sein d'une famille. Là encore, je me suis sentie concernée et touchée. Ma famille est loin d'être un havre de paix où tout le monde sait trouver les mots et comprendre l'autre.
Je pourrais encore citer une autre forme de déclinaison du thème principal : le harcèlement scolaire, l'"ijimé" pour reprendre le terme proprement japonais. L'ijimé est un véritable problème de société au Japon, et il en est souvent question dans les mangas, par exemple dans Akuma to Love Song ou dans A Silent Voice, pour ne citer qu'eux. Ce phénomène de rejet d'un élève par les autres est bien souvent du à un motif bénin : coiffure, apparence vestimentaire, parent qui a perdu un emploi, dernier truc à la mode non possédé par l'élève, etc.
Ceci étant, une nouvelle fait vraiment figure d'ovni dans le recueil. Il s'agit de "La Princesse des Ténèbres". Globalement, dans le recueil, toutes les nouvelles sont réalistes, mais celle-là ne l'est pas du tout. C'est au contraire une nouvelle complètement farfelue et déjantée. Elle n'est pas sans rappeler la mise en scène de Cendrillon par les personnages de Fruits Basket. D'ailleurs, les personnages que l'on rencontre dans cette nouvelle sont en fait les personnages d'une autre série de Natsuki Takaya : Ceux qui ont des ailes. A mon avis, si on a lu cette série, la lecture de "La Princesse des ténèbres" ne peut qu'être encore plus jouissive. Cette réécriture de Blanche-Neige reprend vraiment la trame du conte original, tout en partant complètement en sucette, je crois qu'il n'y a pas d'autres mots ! C'est à mourir de rire ! J'espère avoir un jour l'occasion de lire Ceux qui ont des ailes. Ça devrait déjà être fait depuis bien longtemps, car j'ai les premiers tomes dans mon bazar, mais hélas, je ne suis pas la reine de l'organisation.
Du point de vue des dessins, c'est très variable d'une nouvelle à l'autre, ce qui s'explique sans peine, car ces nouvelles n'ont pas toutes été faites en même temps. Si "Accord parfait" et "La Princesse des Ténèbres" ont des dessins correspondant au début de Fruits Basket, les dessins des autres nouvelles ont été élaborés par une Natsuki Takaya plus jeune. Ce n'est clairement pas à ce niveau-là qu'on a une unité du recueil. A mon sens, c'est vraiment la question de la communication qui en fait l'unité, même si "La Princesse des ténèbres" le clôt de façon complètement déjantée, histoire peut-être de délirer un bon coup après des sujets moins rigolos.

16/20
Très bon moment de lecture

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